Par Pierre-Antoine Plaquevent
Source : TV Libertés
Cet entretien de P-A. Plaquevent sur TVLibertés permet de mieux comprendre des notions telle qu’Etat profond (américain), socialisme fabien, socialisme de l’oligarchie et des élites etc.
onjour Pierre-Antoine Plaquevent, vous êtes analyste politique, consultant et vous animez le site Strategika. Vous êtes l’auteur de plusieurs ouvrages : George Soros et la société ouverte, métapolitique du globalisme et de Globalisme et dépopulation, biopolitique, vaccination, transhumanisme, publiés aux éditions Strategika. Vous venez de publier un article sur le Council on Foreign Relations (CFR) dans cette nouvelle revue, Géopolitique profonde, à laquelle collaborent aussi Philippe Béchade, Olivier Delamarche, Pierre Jovanovic, Philippe Herlin, Charles Sannat etc. Le CFR est une organisation américaine spécialisée dans les relations internationales, fondée en 1921 par un diplomate Edward Mandell House, alias le colonel House, c’était un conseiller du président américain Wilson. Pourquoi parler maintenant du CFR ?
Pierre-Antoine Plaquevent : Parce qu’il a été fondé presque exactement il y a un siècle et, depuis sa fondation, il a connu une montée en puissance qui se renforce après chaque grande crise globale de l’ordre international. Donc c’est intéressant de l’étudier depuis sa fondation, d’autant qu’il est toujours très influent dans l’administration Biden puisque plus de la moitié de l’administration Biden est issue de ou passée par le CFR.
Le CFR connaît une montée en puissance qui se renforce après chaque grande crise globale de l’ordre international. Plus de la moitié de l’administration Biden est issue de ou passée par le CFR.
TV Libertés : Comment expliquez-vous que le CFR se renforce après chaque crise internationale ?
Pierre-Antoine Plaquevent : Sa fondation en 1921 a été précédée par la création de différents organes de la pré-gouvernance globale :
Création de la Fondation Rockefeller (1913)
Création de la FED la (Federal Reserve=Banque centrale américaine) par les mêmes financiers qui vont être à l’origine du CFR.
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Voir aussi : CFR (Council on Foreign Relations), revue de presse et choix de livres.
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Puis se produit la guerre mondiale. Et à l’issue de la guerre mondiale le président Wilson va créer un groupe [secret)], l’Inquiry (=l’investigation), chargé de mettre en place les conditions de l’après-guerre et qui va être à l’origine du Traité de Versailles. Et à l’ombre du Traité de Versailles et de ce travail diplomatique de haut niveau va être créé le CFR (Council on Foreign Relations) ; et ensuite dans la foulée la création de la SDN (Société des Nations), l’ancêtre de l’ONU, qui va finalement se décomposer avant la Seconde guerre mondiale et ensuite. Sur ses cendres, va renaître sous la forme de l’ONU. Aujourd’hui il se produit une crise de l’ONU comme avant la Seconde guerre mondiale puisqu’il y a une guerre avec l’un des membres du Conseil de sécurité de l’ONU. On est donc face à une perturbation de l’ordre mondial qui rappelle ce que l’on a connu avant la Seconde guerre mondiale.
Aujourd’hui il se produit une crise de l’ONU comme avant la Seconde guerre mondiale puisqu’il y a une guerre avec l’un des membres du Conseil de sécurité de l’ONU.
TVL : On a déjà eu une crise de l’ONU au moment de la guerre d’Irak au début des années 2000 quand la France avait posé son veto interdisant officiellement aux Américains d’aller en Irak [d’attaquer l’Irak], mais ils y sont quand même allés.
Pierre-Antoine Plaquevent : Mais la rupture n’était pas à l’époque aussi grande qu’aujourd’hui avec la Russie.
TVL : Quelle place occupe le CFR dans l’Etat profond américain ?
Pierre-Antoine Plaquevent : Le CFR a ses bureaux à New York avec une antenne à Washington. A Washington il y a environ 400 think tanks qui travaillent, c’est toute une galaxie d’organisations qui sont là officiellement pour conseiller les décideurs politiques. Certains d’entre eux comme le CFR sont beaucoup plus influents que les autres et assurent une forme de continuité depuis leur fondation, surtout dans les objectifs géostratégiques qu’ils défendent.
TVL : Vous dites que tous les directeurs historiques de la CIA ont appartenu au CFR, et que la plupart des membres du Cabinet d’Obama et de Joe Biden appartiennent au CFR.
Pierre-Antoine Plaquevent : Le CFR assure une forme de continuité impériale derrière la bipartition du système politique américain entre Républicains et Démocrates.
Le CFR assure une forme de continuité impériale derrière la bipartition du système politique américain entre Républicains et Démocrates.
TVL : Vous expliquez que le CFR pendant les campagnes électorales américaines conseille chacun des deux candidats.
Pierre-Antoine Plaquevent : Oui. Le but du CFR est d’avoir des hommes dans chaque parti pour que chaque parti fasse sa politique et c’est assez logique parce que, si l’on regarde les mandats présidentiels courts aux Etats-Unis, et aujourd’hui dans la plupart des pays occidentaux, comment assurer une continuité politique et géopolitique avec des changements politiques permanents ? Eh bien en ayant une administration derrière l’administration officielle.
Comment assurer une continuité politique et géopolitique avec des changements politiques permanents ? Eh bien en ayant une administration derrière l’administration officielle.
TVL : A côté du CFR, vous citez deux autres grandes organisations chargées de conseiller les présidents en place sur les relations internationales : c’est le Carnegie Endowment et le Brookings Institution.
Pierre-Antoine Plaquevent : Il y en a beaucoup d’autres, par exemple la Trilatérale. Ce qui est intéressant est d’en prendre une comme le CFR et de l’étudier en détail de manière chronologique et historique. Et en fait l’on constate que les personnalités qui font partie de ces organismes passent souvent d’un organisme à l’autre ou font partie de différents organismes. Ces organismes peuvent avoir une concurrence entre eux et certains sont plus influents que d’autres. Le CFR est très influent de par le rôle qu’y jouent les plus grands financiers, dans l’histoire contemporaine et actuellement.
Le CFR est très influent de par le rôle qu’y jouent les plus grands financiers, dans l’histoire contemporaine et actuellement.
Le socialisme fabien
TVL : Edward Mandell House, dit le colonel House, a fondé le CFR, il était le conseiller du président Wilson, a été l’inspirateur de la SDN (Société des Nations) l’ancêtre de l’ONU et l’inspirateur du Traité de Versailles. Pourriez-vous nous en dire plus sur ce personnage fascinant ?
Pierre-Antoine Plaquevent : House est ce personnage de l’ombre dont on ne parle pas beaucoup et qui a une réelle influence. Il n’était pas colonel, il avait ce titre de manière honorifique. Il était issu d’une famille anglo-hollandaise et né aux Etats-Unis. Il avait des liens avec les places financières européennes, avec la City. Il avait une vision internationaliste des relations internationales et du rôle que devaient avoir les Etats-Unis dans le monde. Il avait écrit dans ce sens un roman qui racontait l’histoire d’un personnage un peu comme lui, un conseiller qui devenait président et mettait en place une dictature socialiste avant l’heure, à visée universelle. Et c’est intéressant d’étudier ce genre de personnage parce que l’on comprend ce dont j’ai parlé dans mon premier livre : tout le courant du socialisme fabien qui a été fondé par l’élite anglo-britannique à la fin du 19e siècle en Angleterre, qui est un courant que l’on peut qualifier de libéraux collectivistes. Ils sont libéraux pour eux-mêmes, pour la finance, mais ils ont un projet collectiviste pour la société et pour les populations.
Le courant du socialisme fabien a été fondé par l’élite anglo-britannique à la fin du 19e siècle en Angleterre, qui est un courant que l’on peut qualifier de libéraux collectivistes. Ils sont libéraux pour eux-mêmes, pour la finance, mais ils ont un projet collectiviste pour la société et pour les populations. ,
TVL : C’est ce que l’on voit en Chine ?
Pierre-Antoine Plaquevent : Ah non justement c’est l’opposé. En Chine il y a un parti unique héritier du marxisme-léninisme dans sa version maoïste. Le socialisme fabien c’est justement face à la montée des revendications sociales au 19e siècle, l’élite qui s’est emparée du socialisme et en a donné une version élitaire qui lui correspondait, pour « matelasser » la lutte des classes, s’emparer des thématiques qu’allaient reprendre les socialistes, et éviter ce que Vilfredo Pareto appelait la « circulation des élites », c’est-à-dire que, à terme, dans la classe moyenne ou populaire, émergent de nouvelles élites qui pourraient concurrencer sérieusement les élites en place.
Le socialisme fabien c’est, face à la montée des revendications sociales au 19e siècle, l’élite qui s’est emparée du socialisme et en a donné une version élitaire qui lui correspondait, pour « matelasser » la lutte des classes, s’emparer des thématiques qu’allaient reprendre les socialistes, et éviter ce que Vilfredo Pareto appelait la « circulation des élites ».
Ils ont donc généré leur propre version du socialisme. Ils font cela à chaque époque. Comme actuellement ils ont généré leur propre version de l’écologie, une écologie globaliste. Ils ont finalement, comme dirait notre ami Lucien Cerise, neuro-piraté le socialisme à l’époque, neuro-piraté l’écologie politique. Et d’un courant qui était plutôt conservateur à la base, ils en ont fait un courant progressiste et mondialiste.
Ces élites ont donc généré leur propre version du socialisme. Ils font cela à chaque époque. Comme actuellement ils ont généré leur propre version de l’écologie, une écologie globaliste.
TVL : Il existe aussi deux autres outils que le CFR utilise : l’islam et le mouvement LGBT. Comment s’en servent-ils en Europe ?
Pierre-Antoine Plaquevent : Ce n’est pas forcément directement le CFR qui va employer, déployer ces thématiques-là. Ce sont des gens qui passent par le CFR, des gens comme George Soros, qui eux vont utiliser ces thématiques. L’installation de l’islam politique en Europe est clairement organisée par les autorités. Chacun a son agenda. L’islam politique a son agenda. Mais les autorités ont leur propre agenda, piloté par ces outils de gouvernance globale, d’installer en Europe une forme d’islamisation et un islam politique. On le voit même récemment à la tête du parti indépendantiste écossais ils ont aujourd’hui un Pakistanais [musulman].
Chacun a son agenda. L’islam politique a son agenda. Mais les autorités [européennes] ont leur propre agenda, piloté par ces outils de gouvernance globale, d’installer en Europe une forme d’islamisation et un islam politique.
Ce n’est pas juste l’accompagnement d’un changement démographique qui serait naturel, il y a aussi la volonté d’installer un islam politique sous contrôle dans l’espace public européen, de manière à créer ce que Gregory Bateson, l’un des inspirateurs de George Soros, appelait la schismogenèse c’est-à-dire une forme de schisme dans la population. Et si à un moment donné la population se révolte trop contre les gouvernements en place qui sont des gouvernements d’occupation globaliste, comme la macronie, ils pourront toujours jouer la carte de la division interethnique et finalement dévier la colère des gens vers un affrontement interconfessionnel ou interethnique.
Si à un moment donné la population se révolte trop contre les gouvernements en place qui sont des gouvernements d’occupation globaliste, comme la macronie, ils pourront toujours jouer la carte de la division interethnique et dévier la colère des gens vers un affrontement interconfessionnel ou interethnique.
TVL : Vous le soulignez dans votre article paru dans Géopolitique Profonde, George Soros a un plan d’islamisation pour l’Europe, il compte voir l’Europe accepter un million de demandeurs d’asile par an.
George Soros appartient lui-même au CFR.
Pierre-Antoine Plaquevent : Oui. En 2015 quand il y a eu la guerre en Syrie il y a eu l’arrivée de tous ces migrants qui fuyaient la guerre. Il y a des guerres de recomposition de l’ordre international au Moyen-Orient et cela génère des bouleversements et ils essaient ensuite d’utiliser ces perturbations à des fins géostratégiques. Angela Merkel avait parlé d’un plan qui visait à accueillir 500.000 migrants par an, puis 1 million de migrants par an. Ce plan avait été en fait proposé et préparé par un think tank appelé European Stability Initiative qui est lui-même lié par son fondateur Gerald Knaus à l’ECFR, l’European Council on Foreign Relations, qui est la version européenne du CFR et qui a été fondé sous l’impulsion de George Soros en 2007. George Soros qui appartient lui-même au CFR.
Le plan d’Angela Merkel en 2015 qui visait à accueillir 1 million de migrants par an avait été en fait proposé et préparé par un think tank appelé European Stability Initiative, qui est lui-même lié par son fondateur Gerald Knaus à l’ECFR, fondé sous l’impulsion de George Soros.
Et donc dans ce plan qu’avait présenté Angela Merkel, inspiré par le CFR, peu avant la déclaration publique de ce plan par Angela Merkel, George Soros lui-même sur son site avait publié un plan du même type en parlant de « rebâtir le système d’asile européen ». Il appelait l’Europe à s’organiser pour accueillir chaque année un million de migrants issus du Moyen-Orient, ça peut être aussi de l’Afrique. Dans la vision qu’ont ces gens-là l’Europe est une sorte de plateforme, une région-monde d’un système globalisé, et cette plateforme doit être un interface entre les différents blocs et faciliter les déplacements de population quand c’est dans l’intérêt stratégique des globalistes.
Dans la vision qu’ont ces gens-là l’Europe est une sorte de plateforme, une région-monde d’un système globalisé, et cette plateforme doit être un interface entre les différents blocs et faciliter les déplacements de population quand c’est dans l’intérêt stratégique des globalistes.
Avec l’idée aussi – ce que j’ai traité dans mon livre sur la dépopulation – l’idée de stabiliser la démographie, c’est-à-dire qu’en Europe il y a une chute démographique, dans d’autres pays ou sur d’autres continents, en Afrique par exemple il y a un surplus de natalité, eh bien on va transvaser ce surplus en Europe, sachant que pour ces gens – c’est ce qu’on a du mal à se représenter – eux ne voient plus le monde en termes de nations, mais ils voient le monde (selon moi) en termes de masses et de classes. Eux appartiennent à une certaine classe. Comme disait Warren Buffet « La lutte des classes, c’est ma classe qui l’a gagnée. ». C’est l’hyperclasse mondialiste. Ils voient les autres classes comme en-dessous d’eux économiquement et veulent les gérer comme des stocks de population.
De là l’importance pour eux d’appauvrir et d’affaiblir les classes moyennes occidentales qui sont problématiques pour eux parce que finalement leur intérêt c’est que ce soit comme dans le livre 1984 où il y a un inner party et un outer party, ils ont besoin d’être, eux, le parti de l’intérieur (inner party), ils ont besoin de gens techniciens qui vont faire tourner la machine. Mais ensuite en-dessous, ils n’ont pas besoin d’une classe moyenne trop indépendante ou trop libre [et trop nombreuse].
Il est important pour eux d’appauvrir et d’affaiblir les classes moyennes occidentales qui sont problématiques pour eux. Ils n’ont pas besoin d’une classe moyenne trop indépendante ou trop libre.
Et encore en-dessous ils auront besoin de gens qui vont faire toutes les tâches que la robotisation ne peut pas faire, des livreurs Uber et autres, qui eux justement peuvent venir de pays du tiers-monde. De là l’intérêt pour eux de faciliter [l’immigration de masse]. Ils moralisent la question de l’immigration. C’est une question sociale et économique et une question de lutte des classes, mais eux maquillent cela en problématique moraliste.
Ils auront besoin de gens qui vont faire toutes les tâches que la robotisation ne peut pas faire, des livreurs Uber et autres, qui eux justement peuvent venir de pays du tiers-monde. De là l’intérêt pour eux de faciliter [l’immigration de masse].
TVL : Vous écrivez que le CFR a réussi à atteindre ses objectifs. Quels sont ses objectifs ?
Pierre-Antoine Plaquevent : La vision des relations internationales du CFR s’inscrit dans la tradition globaliste et internationaliste. Leur vision c’est d’internationaliser le plus possible les problématiques et toujours de présenter les règlements des problèmes qui se posent pour les sociétés de manière globale. Par exemple la démographie. Un problème local a toujours une solution globale. Un problème d’eau d’un paysan du Larzac concerne l’eau en général et la planète.
TVL : C’est l’anti-principe de subsidiarité.
Pierre-Antoine Plaquevent : Oui. Mais ce qui est pervers est qu’ils font croire qu’ils sont pour le règlement des questions locales – avec une idéologie globaliste.
Les 2 buts principaux
du CFR
TVL : Le CFR est un think tank américain, un de leurs buts est d’empêcher l’émergence d’un rival eurasiatique qui serait capable de concurrencer les Etats-Unis.
1. PREMIER BUT
Contrer l’opinion isolationniste
Pierre-Antoine Plaquevent : Aux Etats-Unis il y a deux problématiques principales, deux axes stratégiques principaux pour le CFR depuis sa fondation :
1. C’est d’un côté de contrer l’opinion isolationniste, l’opinion publique mais aussi l’opinion politique et même celle des financiers. Aux Etats-Unis il n’était pas évident au début du 20e siècle de convaincre le monde financier que son intérêt était dans une internationalisation maximale. Donc il a fallu tout ce travail pour expliquer cela. Avant chaque crise, avant chaque guerre mondiale, on a une lutte entre isolationnistes et internationalistes aux Etats-Unis. On le voit avec Trump. Cela se reproduit à chaque crise de l’ordre mondial. Si on regarde une carte des Etats-Unis, l’opinion globaliste, y compris ces think tanks globalistes, sont localisés à l’est des Etats-Unis, sur la côte, sur les points de fixation de la puissance thalassocratique maritime internationale.
Le but n°1 du CFR est de contrer l’opinion isolationniste, l’opinion publique mais aussi l’opinion politique et même celle des financiers.
TVL : Au centre du pays, les Américains sont plutôt isolationnistes.
Pierre-Antoine Plaquevent : Les Américains disposent de la masse continentale pour développer un pays qui pourrait être complètement autonome et avoir des relations normales [avec le reste du monde] mais il y a ces gens-là qui se présentent comme internationalistes mais qui sont clairement impérialistes en fait. Ils sont internationalistes ET impérialistes. Mais ils habillent leur impérialisme d’un visage démocratique et droit de l’hommiste, c’est leur force. Donc leur premier objectif est de combattre les isolationnistes à l’intérieur de la forme politique occidentale.
Le CFR est internationaliste ET impérialiste. Mais ils habillent leur impérialisme d’un visage démocratique et droit de l’hommiste, c’est leur force.
2e BUT
Combattre les rivaux géopolitiques
qui viendraient contester
l’hégémonie américaine
2. Et deuxième objectif, combattre à l’extérieur les rivaux géopolitiques qui viendraient contester l’hégémonie en place. Il a donc fallu deux guerres mondiales pour venir à bout du rival continental qu’était l’Allemagne. Et aujourd’hui se pose la question pour ces gens-là de la Russie et de la Chine.
TVL : On sait que le CFR collabore étroitement avec plusieurs géants américains, les géants de la tech, Apple, Google ; de l’agroalimentaire, Pepsico ; de la finance : BlackRock, Goldman Sachs et Morgan Stanley. Comment toutes ces entreprises travaillent-elles avec le CFR ?
Pierre-Antoine Plaquevent : Il y a différentes manières d’adhérer au CFR. Il y a des individus qui peuvent adhérer. Il y a différentes formules d’adhésion à différents tarifs, le plus haut tarif est 75.000$ par adhésion, il y a aussi des tarifs plus bas. Il existe un Conseil des entreprises au sein du CFR. Ces entreprises ont besoin d’être conseillées pour ouvrir leurs marchés à l’international. Et en même temps le CFR et tous les stratèges politiques anglo-américains ont besoin de ces entreprises pour étendre l’influence américaine au monde entier. On a parlé des banquiers X […], de la Fondation Rockefeller, de la banque JP Morgan, ce sont eux qui ont créé le CFR. Mais aujourd’hui il y a tout un tas de [contributeurs], George Soros qui est à l’origine de l’explosion des hedge funds, David Rubenstein qui est le co-président du groupe Carlyle, le plus grand groupe d’investissement de la planète qui gère, je crois, 300 milliards de dollars d’actifs dans le monde.
Donc le CFR est une interface entre le monde de la finance, des nouvelles technologies, de la diplomatie et le monde politique, le monde du renseignement, le monde militaire aux Etats-Unis et, par extension, à tous les pays que contrôlent les Etats-Unis. De là l’idée d’avoir des relais du CFR ailleurs [qu’aux Etats-Unis].
Le CFR est une interface entre le monde de la finance, des nouvelles technologies, de la diplomatie et le monde politique, le monde du renseignement, le monde militaire aux Etats-Unis et, par extension, à tous les pays que contrôlent les Etats-Unis.
TVL : Le CFR a ses relais en Europe, c’est le cas en Grande-Bretagne avec le Royal Institute of International Affairs ; le Chatham House, l’organisation de la diplomatie anglaise. Il y a aussi l’ECFR à l’échelle européenne. Le GCFR pour l’Allemagne. Pourquoi installent-ils leurs relais spécialement en Europe ?
Pierre-Antoine Plaquevent : Au départ lors de la création du CFR il avait été prévu de créer un organisme commun anglo-américain. Puis le décalage entre les populations anglaise et américaine de l’époque et ces élites financières était trop grand, les projets n’auraient pas été compris. Donc ils ont scindé le CFR en deux organisations qui se sont développées et travaillent en parallèle.
Les relais comme l’ECFR (European Council on Foreign Relations) fondé sous l’impulsion de Soros sont des outils qui servent à attirer les élites financières et politiques européennes dans la sphère d’influence globaliste. Pour moi ce sont des outils d’occupation politico-stratégique de l’Europe. C’est intéressant de lire les publications du European Council on Foreign Relations. L’OTAN est la version militaire et eux sont la version diplomatique think tank avec tout un lissage sémantique qui va avec.
Les relais comme l’ECFR fondé sous l’impulsion de Soros sont des outils qui servent à attirer les élites financières et politiques européennes dans la sphère d’influence globaliste. Ce sont des outils d’occupation politico-stratégique de l’Europe.
Pourquoi les think tank
comme le CFR
sont-ils aussi puissants?
TVL : Pour mettre des visages sur l’ECFR, vous citez certains de ses membres : Bernard Kouchner, qui fut ministre des Affaires étrangères de Nicolas Sarkozy ; Pierre Moscovici, ancien ministre de l’économie de François Hollande ; Clément Beaune, actuel ministre du gouvernement d’Elizabeth Borne ; Christine Ockrent, Laurence Parisot etc. Dernière question, comment peut-on s’organiser face à cette organisation du CFR ? Peut-on échapper à son emprise ?
Pierre-Antoine Plaquevent : Il existe tout un ensemble d’organisations du même type. Le CFR est une des principales courroies de transmission de cet impérialisme globaliste. Je pense que les conservateurs devraient mette en place ce type d’outils à la même échelle qu’eux, c’est-à-dire d’abord à l’échelle de certains pays, puis ensuite à l’échelle internationale. La clé c’est le financement. Pourquoi ces organismes existent-ils et sont-ils aussi puissants ? Parce que derrière eux il y a les plus grands financiers de la planète qui ont mis en place les outils politiques de l’extension de leur influence.
TVL : Est-ce que ce serait à la Russie et à la Chine de former des contre-CFR ?
Pierre-Antoine Plaquevent : Ils le font à leur échelle, dans leur pays. En Russie et en Chine il y a toute une série de think tanks qui existent. En Russie il y a des think tanks plus libéraux, d’autres plus conservateurs, et tout cela gravite autour du Kremlin et essaie de dispenser ses conseils et son influence. La force des think tanks internationalistes est d’être internationalistes et de savoir s’organiser au niveau international. Les conservateurs ou les souverainistes devraient arriver à créer une internationale des souverainistes « alter-nationale ». Je pense qu’il y a un déficit de formation et d’orientation stratégique fixe et stable dans le temps, que les globalistes eux, ont. Ils ont des objectifs stratégiques à long terme et ils les tiennent. Ils se les transmettent par intérêt. Mais nous, nous devrions aussi fonctionner ainsi, c’est-à-dire pas forcément par idéologie, mais par intérêt de classe car il en va de notre survie en tant que classe moyenne européenne de culture néo-chrétienne (sic). Ce serait faisable avec des moyens financiers. Ca n’aura pas forcément le même impact tout de suite. Mais avec l’émergence progressive de l’opinion publique conservatrice et populiste en Europe, il faudra des outils de formation pour les souverainistes.
Les globalistes ont des objectifs stratégiques à long terme et ils les tiennent. Ils se les transmettent par intérêt.
TVL : Ce que vous proposez, c’est de se former avec vos travaux publiés dans cette nouvelle revue, « Géopolitique profonde, lettre confidentielle macroéconomique et géostratégique ».
2 réflexions au sujet de « Le CFR : le réseau-mère de l’Etat profond américain »