La fin du Sacré ou le retour du sacrifice humain

Par Sylvain Durain

Source : Ligne Droite, Radio Courtoisie

onjour Sylvain Durain, vous êtes co-fondateur de la librairie Les Deux cités à Nancy et des Editions du Verbe Haut, auteur de Ce sang qui nous lie. Matriarcat, patriarcat, sacrifice et aujourd’hui vous nous présentez ce livre, fondamental je pense pour comprendre ce qui se passe aujourd’hui en France : La Fin du sacré ou le retour du sacrifice humain aux éditions de la Nouvelle librairie. Nous allons commencer par définir ensemble ce qu’est le sacré. Mais tout d’abord pourquoi la fin du sacré ? Vous décrivez dans votre livre que nous sommes aujourd’hui dans un monde désacralisé, qui n’a plus le sens du sacré.

Sylvain DURAIN : Ce que j’essaie de montrer dans le livre c’est que la fin du sacré est la fin du Sacré avec un grand « s », c’est-à-dire la fin du sacré traditionnel français, européen, qui est basé évidemment sur le christianisme et sur le sacrifice de Dieu. Donc c’est un sacré supérieur avec un grand S. Et moins ce sacré-là est présent, et plus un sacré disons inférieur avec un petit s, mais qui a quand même du sacré, qui est du sacré disons archaïque, primitif, que l’on rencontrait dans les sociétés primitives, plus ce sacré-là revient. Et il est basé sur le sacrifice sanglant, et en particulier sur le sacrifice humain.

La fin du sacré est la fin du Sacré avec un grand « s », c’est-à-dire la fin du sacré traditionnel français, européen, qui est basé évidemment sur le christianisme et sur le sacrifice de Dieu. Et moins ce sacré-là est présent, et plus un sacré inférieur avec un petit s, mais qui a quand même du sacré, qui est du sacré archaïque, primitif, que l’on rencontrait dans les sociétés primitives, plus ce sacré-là revient. Et il est basé sur le sacrifice sanglant, et en particulier sur le sacrifice humain.

Et on se rend compte aujourd’hui dans notre société que moins il y a de sacrifice divin, et plus le sacrifice humain revient comme un jeu de balancier quasiment inéluctable. Je ne dirais pas que l’on est dans une société désacralisée, mais en tout cas on est dans une société qui ne pratique plus le sacré supérieur, mais le sacré inférieur.

On est dans une société qui ne pratique plus le sacré supérieur, mais le sacré inférieur.

Radio Courtoisie : C’est ce que vous appelez la « crise sacrificielle ». Et c’est la guerre de tous contre tous.

Sylvain DURAIN : Exactement. En fait on se rend compte – René Girard l’explique très bien – qu’à un moment donné dans les sociétés d’une indifférenciation généralisée, de la fin des hiérarchies, cette fin des hiérarchies provoque la guerre de tous contre tous. Et pour s’en sortir, on va désigner des boucs émissaires. On a connu cela récemment dans la crise du covid, les boucs émissaires c’était le non vacciné, le non masqué. Et aujourd’hui c’est le non poutinophobe ou celui qui n’est pas pour la guerre [en Ukraine].

René Girard l’explique très bien – à un moment donné dans les sociétés d’une indifférenciation généralisée, de la fin des hiérarchies, cette fin des hiérarchies provoque la guerre de tous contre tous. Et pour s’en sortir, on va désigner des boucs émissaires.

Radio Courtoisie : On n’est pas encore allé jusqu’au sacrifice sanglant (sic). Vous citez les sacrifices sanglants qui ont lieu dans toutes les cultures, toutes les civilisations, mis à part la civilisation chrétienne [et les sorcières au Moyen-Age ?].

Sylvain DURAIN : On peut dire qu’on est dans une période pré-sacrificielle, comme on le voit dans la crise du covid et la guerre en Ukraine. Il y a quand même des sacrifices humains aujourd’hui en France. Je rappelle qu’il y a 10 millions d’avortés qui sont dans la grille de lecture des sacrifices, c’est un sacrifice rituel, évidemment inconscient. René Girard explique que l’inconscience du sacrifice est nécessaire pour qu’il ait lieu.

Il y a des sacrifices humains aujourd’hui en France. Je rappelle qu’il y a 10 millions d’avortés qui sont dans la grille de lecture des sacrifices, c’est un sacrifice rituel, évidemment inconscient. René Girard explique que l’inconscience du sacrifice est nécessaire pour qu’il ait lieu.

Il y a aussi ce que l’on appelle, selon moi de mauvaise manière, le terrorisme musulman qui est en fait un retour au sacrifice rituel évidemment encore une fois inconscient par ces jeunes drogués abrutis qui pensent plutôt qui croient des choses qui n’existent pas. Ils ne se disent pas forcément « je vais sacrifier pour Allah » et encore, quoique. Certains le font. Cela a le même rôle, selon ce que j’essaie d’expliquer, que les prêtres sacrificateurs du monde primitif. D’un côté ces sacrifices rituels vont relier des communautés et de l’autre ils vont créer des divisions entre les différentes communautés qui vont s’agréger entre elles.

Et on est aujourd’hui dans une période pré-sacrificielle qui peut tourner en guerre civile, mondiale, tous contre tous, jusqu’à la désignation prochaine – cela peut prendre des années, des décennies – d’un bouc émissaire qui aura – à mon avis, c’est ce que j’essaie de montrer dans le livre – un caractère plus global et mondial presque que ce qu’on a pu connaître dans le monde plus clos des communautés primitives.

Radio Courtoisie : Je voudrais revenir sur la question de l’avortement et du sacrifice parce que le sacrifice suppose une spiritualité supérieure. Vous parlez d’un sacrifice inconscient. Est-ce que l’avortement dans notre monde matérialiste relève du sacrifice et peut-on le mettre sur le même plan que les sacrifices rituels primitifs ?

Sylvain DURAIN : Sur le même plan, je n’irais pas jusque là. En revanche, il existe deux formes de sacrifices, le sacrifice conscient quand on demande quelque chose à un dieu ou on veut réparer quelque chose. Cela a toujours existé. Mais le sacrifice inconscient a également existé en parallèle dans la volonté soit de survivre pour une communauté – René Girard explique cela très bien. Quand vous arrivez à la fin du processus d’indifférenciation, il y a un bouc émissaire qui est désigné. Pour l’avortement c’est extrêmement inconscient et c’est sans doute l’inconscience la plus… j’irais jusqu’à dire satanique, je ne crains pas d’utiliser ce terme, de notre société moderne qui, sous couvert de progrès, revient à des pratiques primitives puisqu’évidemment l’avortement avait lieu dans les communautés primitives [ou l’infanticide], mais aujourd’hui c’est institutionnalisé, remboursé par la Sécurité sociale et pratiqué avec la technologie.

René Girard explique cela très bien. Quand vous arrivez à la fin du processus d’indifférenciation, il y a un bouc émissaire qui est désigné. Pour l’avortement c’est extrêmement inconscient et c’est sans doute l’inconscience la plus… j’irais jusqu’à dire satanique de notre société moderne qui, sous couvert de progrès, revient à des pratiques primitives, mais aujourd’hui c’est institutionnalisé, remboursé par la Sécurité sociale et pratiqué avec la technologie.

On est aujourd’hui dans une période du sacré que j’appelle dans le livre la Révolution gaïatique [de Gaïa, la Terre, en grec]. Si vous regardez le rapport entre l’écologisme et la destruction de la famille, et le sacrifice de l’avortement, il y a un lien avec Gaïa, la Terre-mère qu’il faut sauver. Je rappelle que Gaïa était une déesse qui n’avait pas besoin de son pendant masculin pour enfanter. On est dans le système familial GPA PMA etc. Elle demandait aussi des sacrifices humains de nourrissons. Evidemment [dans l’avortement] ce ne sont pas des nourrissons, ils ne sont pas encore nés, mais c’est encore pire, ce sont des êtres à naître. On est dans un processus de sacrifice humain institutionnalisé à grande échelle, inédit sans doute, qui est une résurgence du primitif plus la technologie. C’est de même nature mais à un autre degré.

On est aujourd’hui dans une période du sacré que j’appelle dans le livre la Révolution gaïatique. Si vous regardez le rapport entre l’écologisme et la destruction de la famille, et le sacrifice de l’avortement, il y a un lien avec Gaïa, la Terre-mère qu’il faut sauver.

Radio Courtoisie : L’Homme a besoin de transcendance que l’on peut trouver au travers de ces sacrifices sanglants ou dans le rituel de la messe qui permet d’avoir accès à cette transcendance sans sacrifice sanglant. Le sacré aujourd’hui se retrouve dans la technologie. Vous rappelez qu’une pièce de monnaie représentant Gaïa a été émise le 13 octobre 2020, que cette idée de Terre-mère est de plus en plus acceptée et reconnue et au sein même du Vatican avec notamment le Pape François qui participe à des cérémonies avec le serpent qui se mord la queue, etc.

Sylvain DURAIN : Si vous examinez le sacré des communautés primitives, il était basé sur certains principes. On se rend compte que la technologie moderne va permettre l’avènement de ces croyances. Il faut bien comprendre que toute civilisation est basée sur un sacrifice. Je parle au début du livre du sacrifice rituel qui est vu comme cela par certaines communautés juives, de l’holocauste, de la shoah. C’est quelque chose qu’on ne peut pas toucher. On ne peut pas toucher au sacré, au sacrifice. Et l’avortement, regardez en France, on ne peut pas y toucher non plus. Quand vous essayez d’avoir un débat sur l’avortement, c’est tout de suite de l’hystérie, vous êtes tout de suite accusé d’être d’extrême droite, nazi, etc.

Et ce qui permet ce passage du monde primitif qui sacrifie un nourrisson ou peut-être des jumeaux parfois, à 10 millions – dans le monde entier, j’ai essayé pour le livre de trouver le chiffre des avortements dans le monde c’est assez compliqué, en fait il y en a plusieurs milliards – et cela c’est la technologie. Si demain le transhumanisme l’emporte, on peut très bien imaginer une autre vision sacrificielle avec un homme qui sera indifférencié du robot par exemple. C’est toujours basé sur l’indifférenciation. Cette indifférenciation qui était presque naturelle dans les sociétés primitives sera supra-naturelle, presque surnaturelle grâce à la technologie. Donc il y a une alliance entre le sacré inférieur, qui est du sacré, et la technologie, ce qui est permis par la technologie. Cela c’est très important.

Même la pratique des réseaux sociaux, j’en parle dans l’introduction de mon livre, les jeunes passent environ 3 heures par jour sur leur téléphone ont une pratique sacrée avec leur téléphone. Ils sacrifient des gens sur les réseaux sociaux. Evidemment c’est d’un autre degré, c’est le pouce vers le haut ou vers le bas. Ils ont une pratique quasi-religieuse de leur téléphone et si vous le leur enlevez, ils se sentent comme perdus. Ils ont leur monde qui est trop loin d’eux. Le sacré est quelque chose qui nous sort de nous-mêmes. Et tout est aujourd’hui dans cet objet, le téléphone. Cela pourra changer demain avec la puce, avec énormément de choses qui pourraient accélérer cette pratique du sacré et cette pratique du sacrificiel.

Radio Courtoisie : Le projet de la Silicon Valley c’est le surhomme enrichi de puces électroniques et de matériaux pour pouvoir vivre beaucoup plus longtemps.

Sylvain DURAIN : Le projet depuis le départ c’est l’homme égal à Dieu, c’est l’homme qui remplace Dieu. Le sacrifice divin qui nous permettait de vivre dans un monde potentiellement pacifié, en tout cas sans sacrifices sanglants, mais cette volonté qui vient de très loin – j’en parle dans le livre – pour faire simple qui remonte à la Révolution française, l’idée des Lumières. C’est-à-dire que l’Homme est la fin de l’homme. Alors que dans le christianisme le retour au Père est la fin (la finalité) de l’Homme.

Le projet depuis le départ de la Silicon Valley c’est l’homme égal à Dieu, c’est l’homme qui remplace Dieu.

Mais à partir de ce moment-là, une fois que l’humanisme est mal utilisé, on va essayer, nous, êtres humains, d’être à l’égal de Dieu. Et la technologie va nous aider à atteindre ce but. A mon avis de manière tronquée et fausse. Ils vont être obligés d’utiliser le sacrifice pour singer le sacrifice divin. C’est ce que dit monseigneur Beaune, que je cite beaucoup dans le livre : c’est que le sacrifice sanglant qui va jusqu’au sacrifice humain est une singerie satanique en réalité, c’est-à-dire que Satan qui voit que l’Homme repratique le sacré divin tous les dimanches à la messe demande lui aussi des sacrifices, mais des sacrifices singés, c’est-à-dire des sacrifices humains sanglants. Il faut vraiment comprendre cela, il y a une loi surnaturelle, comme une loi physique, un jeu de balancier : moins le sacrifice divin est pratiqué, plus le sacrifice humain revient avec l’apport et l’appui de la technologie.

Moins le sacrifice divin est pratiqué, plus le sacrifice humain revient avec l’apport et l’appui de la technologie.

Radio Courtoisie : Vous expliquez que cette logique, ce retour de la logique sacrificielle agit dans tous les domaines du monde et notamment dans l’économie. Vous expliquez que le système économique aujourd’hui est basé sur la destruction créatrice à savoir l’éloge de l’innovation constante, quitte à détruire des milliers et des millions d’emplois. Et en fait ce qu’on appelle aujourd’hui la civilisation du progrès reprend des codes de conduite et des comportements humains qui relèvent de pratiques ancestrales et tribales.

Sylvain DURAIN : Tout à fait. C’est très étonnant, ce qu’on appelle le Grand reset a été malheureusement compris uniquement d’un point de vue économique. Le grand reset c’est l’idée d’une vision cyclique de l’histoire, c’est-à-dire qu’il existe un ordre, auquel succède un chaos et pour retrouver un ordre il faut sacrifier et détruire. Et ensuite l’ordre revient. Le chaos reviendra plus tard. Et en économie c’est exactement la même chose c’est-à-dire que l’on arrive à une crise, à un chaos économique. Donc on va détruire l’économie avec ce Grand reset qui en fait économiquement est né en 2008, il n’a pas lieu maintenant, on a toujours des années de retard. Aujourd’hui on est plutôt dans une grande réinitialisation sacrificielle, c’est ce que j’essaie d’expliquer à la fin du livre.

Mais l’on se rend compte que cette virtualisation de l’économie, cet ordo ab chao économique était déjà pratiqué dans les communautés primitives, contrairement à ce qu’on nous a appris. Dans nos cours d’économie sur Adam Smith et d’autres on nous a fait croire que l’économie c’est don contre don. Et en fait on apprend grâce à David Graeber qui a publié un livre excellent, La Dette, 5000 ans d’histoire, que cette période du don contre don c’était uniquement dans les communautés qui étaient en fin de vie, qui étaient en chaos. Donc évidemment on échangeait par exemple un fruit contre un outil parce qu’on allait tous mourir. Mais la pratique courante, c’était déjà une création de dette virtuelle. On vous donnait quelque chose et vous contractiez une dette que vous deviez évidemment un jour sacrifier symboliquement en rendant quelque chose.

C’était pratiqué dans la féodalité en France, quand quelqu’un qui voulait se marier n’avait pas d’argent, on lui prêtait de l’argent et il avait un gage, une dette qui était représentée par un objet, c’était souvent un objet féminin d’ailleurs, ce qui est assez intéressant. Et quand il pouvait rembourser sa dette, la personne qui lui avait prêté de l’argent lui rendait cet objet. On retombe aujourd’hui dans une vision virtuelle de l’économie. Schumpeter a expliqué cela, la destruction créatrice, et c’est cohérent avec le monde sacré dans lequel on est. C’est-à-dire que l’économie a évidemment des rapports avec le sacré.

Radio Courtoisie : Vous expliquez que cette logique sacrificielle s’inscrit dans une vision du temps cyclique puisque donc c’est l’ordo ab Chao dont vous avez parlé précédemment, où le sacrifice permet de repacifier la société avant que le chaos n’intervienne à nouveau. Alors que la civilisation chrétienne, par le sacrifice du Christ, s’inscrit dans une vision linéaire de l’histoire puisque les péchés sont effacés par le sacrifice du Christ. La disparition du christianisme aujourd’hui est peut-être la fin d’un cycle ?

Sylvain DURAIN : Depuis la Révolution française qui a repratiqué un sacrifice humain en décapitant le roi, on est de nouveau retombé dans un courant cyclique. Mais le christianisme aussi a une base cyclique. C’est une base non pas temporelle mais une base spirituelle. C’est-à-dire que la finalité de l’homme c’est un grand cycle sur terre qui revient vers Dieu le père, donc il y a quand même une vision cyclique. Mais il y a une vision linéaire historique. Aujourd’hui on peut dire que c’est la victoire du monde archaïque, du monde primitif, mais il suffirait – bien sûr ça ne va pas se faire du jour au lendemain – que l’Occident et l’Europe reviennent dans une vision cyclique spirituelle et linéaire temporelle pour que l’on voie que le christianisme avait raison. Puisque quand vous sacrifiez aujourd’hui les êtres humains, que ce soit dans un attentat terroriste, un avortement ou en débranchant un malade, cf l’affaire Vincent Lambert, c’était un sacrifice aussi. On voit bien aujourd’hui, on le constate, la société ne va pas mieux malgré ces sacrifices-là. Tandis que quand on voit le sacrifice de Dieu qui rachète les péchés du monde et qui permet une société pacifiée, on voit concrètement que c’est un bien.

C’est une victoire temporelle pour aujourd’hui, mais si on y réfléchit, le monde ne va pas mieux depuis que le sacrifice humain est de retour dans nos sociétés. Il empire. Il peut aller mieux disons pour la famille qui va avorter, elle ira peut-être mieux pendant une heure, une semaine, mais après la femme est traumatisée à vie. J’ai des témoignages de femmes qui avortent et qui m’envoient des messages et qui me disent : « Au début je pensais que vous étiez fou quand vous disiez que l’avortement était un sacrifice rituel. Mais en l’ayant vécu, je pense que vous avez raison. C’est un petit bien qui arrive comme cela mais en fait vous êtes complètement détruit et dans tous les sens du terme […].

Radio Courtoisie : Vous appelez à un retour du vrai Sacré, du Sacré divin et de la famille notamment.

Sylvain DURAIN : Tout à fait. C’est aussi ce que j’essaie de montrer dans le livre, c’est le lien vraiment extrêmement puissant entre la famille et le Sacré. On se rend compte qu’on a en face de nous deux principes, deux concepts universels qui ont lieu en tout temps en tout lieu et dans toute croyance et que la famille et le sacré sont en lien, et sont souvent en lien avec le sacrifice. Je donne un exemple. A la Renaissance par exemple quand les mœurs familiales des élites surtout ont commencé à être dévoyées, cela a permis la victoire d’une fin du Sacré avec un grand S avec le protestantisme qui s’attaque évidemment au sacrifice de la messe. On voit ces liens même dans le Nouveau Testament il y a toute la généalogie du Christ et c’est cette généalogie qui permet l’incarnation de Dieu en homme. Cela on ne peut pas l’expliquer en trois minutes, c’est vraiment quelque chose de très profond, ce lien entre la famille et le Sacré par le sacrifice rituel. Quand vous avez une famille chrétienne – moi j’utilise beaucoup la symbolique de la croix pour la famille catholique – elle pratique aussi une forme de sacré en allant le dimanche matin au sacrifice divin. Il ne s’agit pas de dire qu’une partie du monde ne participe pas au sacré et l’autre en pratique une. Il y a toujours du sacrifice de pratiqué. Juan Donoso Cortés explique cela très bien, il y a un rite, un sacrifice qui est humain, sanglant, et qui ramène l’Homme à lui-même, donc dans un cycle éternel qui ne le mènera qu’à lui-même et une espèce de gnose qui n’en finira jamais ; et une autre forme de sacrifice, non sanglant, qui est revécu, mais réellement, le dimanche matin à la messe et qui ramène l’homme non pas à lui-même mais à Dieu. Vous avez là deux mondes qui se regardent, l’un en face de l’autre, pour l’instant il y en a un qui l’emporte un peu sur l’autre quand même, il faut être honnête. Mais le jeu de balancier pourrait le faire revenir grâce aux familles justement. Et si vous voyez dans la crise du covid la manière dont ils ont réussi à nous manipuler, ils se sont attaqués à la famille en premier.

J’essaie de montrer dans le livre le lien extrêmement puissant entre la famille et le Sacré. On se rend compte qu’on a en face de nous deux principes, deux concepts universels qui ont lieu en tout temps en tout lieu et dans toute croyance et que la famille et le sacré sont en lien, et sont souvent en lien avec le sacrifice.

Radio Courtoisie : C’est ce que faisait le régime soviétique à l’époque. Là, interdit de retrouver son grand-père et sa grand-mère pour Noël.

Sylvain DURAIN : Ils ont pondu quelque chose de très vicieux, si vous étiez mineur, vous pouviez aller vous faire vacciner avec l’accord d’un seul parent. Vous imaginez un peu la guerre que ça crée dans les familles. Et cela permet d’arriver à une autre forme de sacré en détruisant la famille classique, la famille traditionnelle.

Cela permet d’arriver à une autre forme de sacré en détruisant la famille classique, la famille traditionnelle.

Radio Courtoisie : Vous rappelez dans votre livre des cas de sacrifices humains récents chez nous, par exemple 3 jeunes filles vierges immolées « pour détourner un malheur », ou en Inde.

Sylvain DURAIN : Suite à toutes les recherches que j’ai pu faire, on se rend compte que l’homme tend vers une transcendance, le sacré. On voit beaucoup de jeunes aujourd’hui se convertir à la tradition, car la jeunesse est en quête et en demande de transcendance. Certains se convertissent à l’islam, d’autres au christianisme, non le christianisme conciliaire mais le christianisme de la Fraternité Saint Pie X, un courant traditionnel [traditionnaliste]. Allez à une messe à Saint-Nicolas-du-Chardonnay il y a beaucoup de jeunes. Si vous allez à une messe « moderniste », il y a beaucoup de cheveux gris.

Radio Courtoisie : Vous l’expliquez dans votre livre, s’il y a une réponse qui peut être apportée aujourd’hui à ce sacré inférieur et cette logique sacrificielle qui est de retour, elle n’est en tout cas pas du tout dans une république laïque qui est un vide spirituel. Et cette demande de spirituel supérieur vient aussi de la République laïque qui est advenue depuis deux siècles.

Sylvain DURAIN : On se rend compte aussi, pour faire le lien entre la famille et le sacré, que la Révolution française qui est basée sur un sacrifice, le sacrifice rituel du roi de France, s’est appuyée sur un système familial particulier, pour faire très rapide, un système libéral et bourgeois. Et c’est en s’appuyant sur ce système familial qu’on a pu atteindre une autre forme de sacré inférieur. Donc c’est évidemment en s’appuyant sur une famille traditionnelle classique française, européenne, qu’on pourra appuyer le retour du Sacré supérieur avec un grand S basé sur le sacrifice de Dieu, qui permet une société pacifiée.

On se rend compte aussi, pour faire le lien entre la famille et le sacré, que la Révolution française qui est basée sur un sacrifice, le sacrifice rituel du roi de France, s’est appuyée sur un système familial particulier, pour faire très rapide, un système libéral et bourgeois. Et c’est en s’appuyant sur ce système familial qu’on a pu atteindre une autre forme de sacré inférieur.

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