Gouvernement mondial : un fantasme complotiste ?

TV Libertés : Il sera question aujourd’hui de mondialisme. Pour en parler je reçois Olivier Piacentini, diplômé de sciences po. Vous avez travaillé dans la banque, dans l’audit, avant de fonder un cabinet de conseils dans l’assistance financière et juridique. En 2020 vous nous présentez cet ouvrage Le Mirage mondialiste, comment l’oligarchie manipule l’opinion, publié aux éditions de Paris Max Chaleil. Cette doctrine mondialiste, vous dites qu’elle ne dit pas son nom, elle agit par petites touches pour ne pas heurter les consciences, et contre elle, personne ne peut rien. Qu’est-ce que le mondialisme ?

Olivier PIACENTINI : Le mondialisme est une doctrine qui ne dit pas son nom. En fait c’est une doctrine qui existe depuis très longtemps, on peut la faire remonter à Diogène le cynique à Athènes au IVe siècle avant Jésus-Christ. C’est une doctrine qui prétend libérer les hommes de tout déterminisme, qu’il s’agisse du passé, de l’héritage historique, de l’héritage familial, tout le contexte qui pèse sur l’homme et qui vient de l’extérieur ou du passé, pour soi-disant le libérer.

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Le mondialisme est une doctrine qui ne dit pas son nom, qui prétend libérer les hommes de tout déterminisme, qu’il s’agisse du passé, de l’héritage historique, de l’héritage familial, tout le contexte qui pèse sur l’homme et qui vient de l’extérieur ou du passé.

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Et c’est une doctrine qui veut unifier l’humanité, une humanité donc qui ne serait plus constituée de peuples influencés par tout un héritage du passé et par un environnement, mais d’individus qui se détermineraient selon leurs propres desiderata, leurs propres envies, leur propre personnalité. Et cette idéologie qui remonte à Diogène le cynique a été reprise par exemple au 20e siècle par les existentialistes, les structuralistes etc. On les a appelé les auteurs de la déconstruction. Déconstruction des sociétés, de tous les piliers qui fondent les sociétés, les nations.

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Et c’est une doctrine qui veut unifier l’humanité, une humanité donc qui ne serait plus constituée de peuples influencés par tout un héritage du passé et par un environnement, mais d’individus qui se détermineraient selon leurs propres desiderata, leurs propres envies, leur propre personnalité.

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Et cette doctrine prétend unifier le monde, faire disparaître les frontières et les différences entre les hommes. Elle ne dit pas son nom. Pourquoi ? Parce qu’elle est devenue depuis une cinquantaine d’années l’arme au service des intérêts d’une oligarchie financière qui, bien entendu, trouve son intérêt dans l’explosion des Etats, des frontières, pour pouvoir en fait conquérir le monde d’un point de vue marchand et financier.

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Cette doctrine est devenue depuis une cinquantaine d’années l’arme au service des intérêts d’une oligarchie financière qui, bien entendu, trouve son intérêt dans l’explosion des Etats, des frontières, pour pouvoir conquérir le monde d’un point de vue marchand et financier.

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POURQUOI LE CATHOLICISME
EST-IL UNE CIBLE PRIVILÉGIÉE
DES MONDIALISTES ?

TVL : La modernité, vous l’écrivez, incite les individus à rejeter le salut promis par la religion. Pourquoi le catholicisme est-il une cible privilégiée de la modernité ?

O.P. : Parce que le catholicisme est un des éléments qui conditionne l’éducation de beaucoup de gens encore aujourd’hui en Occident et même dans le monde et, a fortiori, encore plus pour les générations précédentes puisque le catholicisme imprégnait beaucoup plus les modes de vie des générations précédentes, au moins en Europe. Le catholicisme est un ennemi du mondialisme. Le mondialisme le voit comme un ennemi principal. Pourquoi ? Parce qu’il conditionne une certaine tempérance morale, une certaine forme de vertu, il conditionne un esprit de famille, il conditionne un esprit de respect des institutions, de l’Etat.

Et le mondialisme s’attaque précisément à tout cela parce que ces fameux individus soit-disant libérés de tout conditionnement, la fameuse superclasse mondiale espère les conditionner d’une autre manière, au moyen de désirs qu’elle excite pour stimuler la consommation. Or l’esprit du catholicisme est un esprit qui normalement, s’il est suivi, protège de ce genre d’addiction au consumérisme, d’addictions en général, pour au contraire que l’individu se reporte sur une spiritualité et un respect d’un cadre à la fois spirituel, politique, social et familial. Donc c’est un ennemi aujourd’hui qui est vraiment considéré comme l’un des principaux par la superclasse mondiale. Dans l’entretien, on va certainement reparler de tous les outils qu’utilise cette fameuse superclasse mondiale pour s’attaquer au catholicisme comme l’un des fondements de l’esprit des peuples occidentaux.

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Ces fameux individus soit-disant libérés de tout conditionnement, la superclasse mondiale espère les conditionner d’une autre manière, au moyen de désirs qu’elle excite pour stimuler la consommation.

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LA NATION
EST LE PRINCIPAL ENNEMI
DU MONDIALISME

TVL : La famille, l’église, la patrie, tous ces piliers de la société occidentale se sont écroulés ces dernières décennies, ces dernières années, sans aucune résistance, dites-vous. Quels ont été les outils au service de cette destruction ?

O.P. : La nation est le principal ennemi du mondialisme, le mondialisme en tant qu’idéologie portée par la superclasse mondiale. Pourquoi ? Parce que la superclasse mondiale vise à diffuser ses produits à travers le monde. Comment peut-elle maximiser ses profits ? C’est le même produit qui va être vendu partout, le même produit. Qu’est-ce qui empêche cela ? C’est deux choses : les nations, les frontières, donc les barrières douanières, les réglementations, il faut s’adapter à chaque fois, ça fait des coûts. Et puis c’est également les identités qui font que tel produit va passer là, et puis ailleurs la couleur ne passe pas, alors il faut changer d’étiquette, il faut changer ceci, il faut changer cela. Tout cela est gênant et provoque des surcoûts par rapport à l’empire marchand que les fameuses multinationales voudraient créer.

OUTILS DU PROJET MONDIALISTE

Et donc ils s’attaquent principalement aux nations, ils s’attaquent à l’église en tant que fondement d’une personnalité forte, tempérée et morale, et les outils qu’ils utilisent sont de deux ordres :

Il y a des outils politiques, avec une infiltration dans les institutions nationales, infiltrations au sein du personnel politique des grands Etats.

Mais il y a surtout deux outils qui à mon avis sont essentiels : le contrôle de l’information et le contrôle du divertissement qui, vous l’observerez, qu’il s’agisse de l’Europe ou des Etats-Unis, est systématiquement entre les mains de cette fameuse oligarchie. On sait que par exemple en France ce sont 9 groupes multinationaux qui détiennent l’essentiel des médias. On peut les énumérer : Bernard Arnault, monsieur Drahi, monsieur Bolloré, monsieur Lagardère etc. Et à travers cela, on influence l’information toujours dans le même sens. Et le divertissement, la publicité, la musique, le cinéma – et là c’est l’aspect le plus insidieux parce que justement c’est là où il va dire le moins son nom mais où il va pénétrer dans les esprits parce qu’il divertit, il amuse, il détend.

TVL : Il conditionne le cerveau reptilien, dites-vous.

O.P. : Oui, absolument. Ivan BLOT parlait de 3 cerveaux, il y a une partie du cerveau qu’il appelle le timos, qui est le cerveau qui conditionne les émotions, l’élévation de l’âme et de l’esprit, ce cerveau qui est appelé [sollicité, actif] par exemple quand il s’agit d’émotion patriotique, d’émotion familiale, de spiritualité. Et puis il y a le cerveau reptilien qui est conditionné par les désirs, les peurs. Et c’est systématiquement ce cerveau-là qui est utilisé par l’idéologie mondialiste pour pénétrer. Il y avait un grand gourou du marketing américain, dont je ne me souviens plus du nom, qui disait toujours : « Moi je travaille toujours le cerveau reptilien. » La peur par exemple. La peur est un argument de vente extraordinaire, parce qu’il y a peu de résistance. C’est une partie du cerveau qui ne raisonne pas mais qui a juste des réflexes de peur, des instincts, et en jouant là-dessus on déclenche des ventes et on conditionne des comportements bien mieux qu’avec des raisonnements ou des arguments.

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La peur est un argument de vente extraordinaire, parce qu’il y a peu de résistance. Le cerveau reptilien est une partie du cerveau qui ne raisonne pas mais qui a juste des réflexes de peur, des instincts, et en jouant là-dessus on déclenche des ventes et on conditionne des comportements bien mieux qu’avec des raisonnements ou des arguments.

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TVL : C’est le marketing.

O.P. : C’est le marketing. Quand on vous dit par exemple : « Ne votez pas pour tel candidat, c’est une nazie ou une fasciste. » là aussi vous agissez sur le reptilien, c’est-à-dire que vous ne donnez pas forcément d’arguments qui prouve que, mais vous rappelez immédiatement quelque chose qui évidemment terrorise les populations, qui ne plaît pas. Pour vous donner un exemple très simple, c’est une façon d’agir sur le cerveau reptilien pour conditionner les comportements politiques électoraux.

TVL : Vous décrivez comment les multinationales et les banques sont devenues les maîtresses de l’économie mondiale depuis en gros les années 1970, grâce à la soumission des Etats. Mais avant les années 70 il y avait déjà bien des grandes multinationales. Qu’est-ce qui a fait que les Etats se sont mis à courber l’échine ?

O.P. : C’est tout simplement l’évolution progressive du rapport de force. Le mondialisme se déploie de façon visible et de façon même avouée, entre guillemets, pour des observateurs attentifs, depuis l’immédiat après-guerre. On le sait, au lendemain de la guerre mondiale, de l’affrontement avec les nazis, bien entendu le nationalisme n’était pas recommandé et on essayait d’éviter de replonger dans ce cauchemar.

TVL : Même si c’était plutôt des guerres d’empires que des guerres de nations.

O.P. : Si vous voulez. Le monde d’avant 1990 était un monde qui était séparé en deux où il y avait un affrontement entre le monde libre occidental et le monde communiste. Tout le monde était polarisé là-dessus et l’hermétisme qui séparait ces deux blocs faisait que le mondialisme ne pouvait pas se déployer et que, finalement, les gens avaient aussi d’autres préoccupations, parce qu’il fallait combattre le bloc communiste.

A partir des années 1990 le monde s’est ouvert et il s’est ouvert suivant des principes qui sont conditionnés par cette idéologie mondialiste, comme Francis Fukuyama l’avait parfaitement expliqué à l’époque avec son livre La fin de l’histoire et le dernier homme. C’est-à-dire que là il n’y a plus d’histoire, les Occidentaux ont gagné, le monde entier va s’occidentaliser et il faudra que l’Occident partage sa prospérité avec les autres peuples qui veulent le rejoindre. C’était la théorie de Fukuyama. Il se trouve qu’à partir des années 90, dans la mesure où le monde est ouvert, avec des populations colossales, la Chine, tout le bloc de l’Est, etc, on met en place tout de suite [1994] l’OMC qui permet de libérer une grande partie des barrières douanières. Et donc les multinationales se sont retrouvées sur un terrain à échelle mondiale, donc elles ont grandement développé leurs profits, développé leur puissance, puisqu’elles vendent au monde entier avec des marchés d’un milliard de consommateurs en Chine, en Inde etc.

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A partir des années 1990 le monde s’est ouvert suivant des principes qui sont conditionnés par l’idéologie mondialiste, comme Francis Fukuyama l’a parfaitement expliqué à l’époque avec son livre La fin de l’histoire et le dernier homme. C’est-à-dire qu’il n’y a plus d’histoire, les Occidentaux ont gagné, le monde entier va s’occidentaliser et il faudra que l’Occident partage sa prospérité avec les autres peuples qui veulent le rejoindre.

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Et de plus cette ouverture totale leur a permis de se concentrer. Et on a par exemple un épisode d’actualité avec aujourd’hui la fusion entre par exemple PSA Opel, qui ont déjà fusionné et qui vont fusionner avec Fiat Chrysler. Cela fait une quinzaine de marques, Fiat, Lancia, Alfa Romeo, Maserati, Peugeot, Citroën etc, toutes regroupées dans le même groupe. Les plus anciens se rappellent que dans les années 60 il y avait des dizaines et des dizaines de marques de voitures totalement indépendantes. Aujourd’hui c’est 5 ou 6 groupes qui contrôlent tout le marché. La fortune de ces colosses est gigantesque. Les profits ne cessent de s’accumuler.

Et pendant ce temps les Etats nations, eux, doivent faire face aux délocalisations, puisque la mondialisation a généré les délocalisations industrielles vers en particulier l’Asie. Et pour pallier ces délocalisations, que font les Etats ? des aides sociales et ils s’endettent pour cela. Donc au fur et à mesure que toute la sphère des multinationales s’enrichit, la sphère financière, elle, s’est enrichie avec la dérégulation des marchés financiers. Et, de l’autre côté, les Etats, eux, petit à petit s’appauvrissent, s’endettent. Et donc forcément le rapport de force n’est plus le même que dans les années 70 où les Etats pouvaient compter sur la manne des multinationales implantées sur leur propre territoire. Aujourd’hui ce n’est plus le cas. Et il y a véritablement un rapport de force qui bascule d’année en année de plus en plus du côté de la sphère financière. Ce n’est pas être complotiste que de dire que ces grandes multinationales et ces grands groupes devenant de plus en plus riches, ont envie de s’emparer du pouvoir en supplantant les Etats-nations.

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Au fur et à mesure que toute la sphère des multinationales s’est enrichie, la sphère financière, elle, s’est enrichie avec la dérégulation des marchés financiers. Et, de l’autre côté, les Etats, eux, petit à petit s’appauvrissent, s’endettent. Et donc forcément le rapport de force n’est plus le même que dans les années 70 où les Etats pouvaient compter sur la manne des multinationales implantées sur leur propre territoire.

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TVL : C’est assez naturel au fond pour une entreprise de vouloir se développer. Est-ce que les responsabilités sont celles des grandes multinationales ou des Etats qui n’ont pas su encadrer ces entreprises ?

O.P. : C’est très clair que, au fond, c’est vrai qu’on n’a rien à reprocher aux entreprises. Elles ont mené leur jeu financier, leur développement. Je ne suis pas anti-capitaliste. Mais je pense que les Etats devaient protéger, eux, leurs populations, leurs marchés, et ne pas sombrer dans ce libre échangisme échevelé, qui d’ailleurs n’en est même pas un. Parce que qui dit libre échangisme dit réciprocité. Y a-t-il réciprocité entre la Chine et l’Europe ? Non. Qui devait protéger cela ? Les Etats. Quand vous voyez, par exemple, que les Chinois peuvent pénétrer nos marchés publics, acheter des entreprises ici comme ils le veulent, et nous, nous n’avons pas la possibilité de le faire de l’autre côté, ça relèverait des Etats de défendre les intérêts de nos entreprises, les intérêts de nos populations. Ils ne le font pas. Est-ce que c’est complotiste de penser que c’est parce que les Etats sont suffisamment affaiblis pour ne plus pouvoir résister à la pression des grandes multinationales ? Je n’ai pas l’impression [d’être complotiste], je pense que c’est juste une analyse.

TVL : Vous parlez aussi de l’activité de spéculation des hautes sphères financières. Vous comparez cette spéculation à un nuage nocif d’argent quasi invisible, virtuel. Que répondez-vous aux tenants des marchés financiers qui affirment que, ces trente dernières années, la misère a reculé partout dans le monde ?

O.P. : C’est vrai que la misère a reculé partout dans le monde parce qu’il y a une croissance mondiale qui effectivement est portée par les multinationales et aussi par les petites entreprises, partout. Mais quand vous dites partout, c’est d’une manière inégale. Comme la mondialisation a organisé le déploiement des unités de production partout dans le monde, on le voit partout, bien entendu, dans des pays comme la Chine, une grande partie de la population chinoise est sortie de la misère, une grande partie de la population indienne. Et maintenant c’est une partie des populations africaines qui progressivement sortent de la misère parce que l’industrialisation des pays émergents se déploie dans un certain nombre de pays à peu près partout. Donc effectivement la mondialisation a eu un impact positif pour un certain nombre de populations. Mais au détriment de qui ? Au détriment de l’Europe et des Etats-Unis. Et tout ceci s’est fait sous le pilotage exclusif des grandes multinationales, ce qui fait que, là encore, le reproche principal que j’adresse est aux Etats-nations occidentaux qui n’ont pas su protéger les intérêts et le travail de leurs populations. Et cela aurait pu se faire de façon totalement différente.

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La mondialisation a eu un impact positif pour un certain nombre de populations en Asie, Afrique. Mais au détriment de qui ? Au détriment de l’Europe et des Etats-Unis. Et tout ceci s’est fait sous le pilotage exclusif des grandes multinationales.

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TVL : Vous expliquez que l’économie n’est pas encore assez mondialisée pour ces grands capitalistes modernes. Que leur reste-t-il à accomplir ?

O.P. : Je crois qu’aujourd’hui ce qu’il leur reste à accomplir n’est plus en termes économiques, parce que aujourd’hui les capitaux circulent, les produits circulent, vous pouvez acheter des produits financiers n’importe où dans le monde, etc. Je crois que c’est vraiment l’unification politique qui est la dernière étape. C’est le dernier verrou. Et cette unification politique n’est pas là – pas encore – tout simplement parce qu’il y a encore la résistance des Etats, malgré tout. Et puis surtout il y a la résistance des peuples. Parce que les peuples – on a dit tout à l’heure que les piliers se sont effondrés, mais pas totalement – c’est-à-dire que les peuples, le peuple français tient encore quand même à l’esprit français, tient à avoir des représentants qui soient français. La démocratie s’exprime parce que moi, Corse, j’accepte que le résultat des élections en Corse ne soit pas le même que dans le reste du pays mais, comme je me sens français, j’accepte d’avoir un dirigeant qui ne me plaît pas – et c’est bien le cas (rire), mais on est bien obligé de subir. Mais à l’échelle mondiale ça ne marchera pas.

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L’unification politique est la dernière étape du mondialisme.

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L’U.E. EST LE LABORATOIRE
DE LA GOUVERNANCE MONDIALE

TVL : Comment se concrétiserait ce projet politique mondial ?

O.P. : Je pense qu’il y a un laboratoire de ce projet politique mondial. On l’a sous les yeux, c’est l’Union européenne, parce qu’il est bien évident que ce mondialisme prétend être dirigé par une élite, une élite évidemment économique et financière, et une élite de gens qui gravitent autour des fonctionnaires qui organisent tout cela, et des intellectuels. Et l’Union européenne est particulièrement éclairante. Nous avons là un chapelet d’institutions en cascade pilotées depuis le sommet de la pyramide, qui est la Commission de Bruxelles, qui n’est élue que par un Parlement qui lui-même n’a que très peu de pouvoir, qui ne peut même pas voter le poste de dépenses du budget, avec des élections qui ne passionnent pas les foules parce que justement elles ne sont pas nationales. Et donc finalement la gouvernance de l’Union européenne, qui s’impose à travers les directives à tous les Parlements nationaux pour une bonne partie des lois qui nous sont ensuite appliquées, est très peu démocratique, très peu transparente. C’est l’opacité, c’est le royaume des lobbys, des grandes entreprises. Donc je pense que cette fameuse gouvernance mondiale dont rêvent la superclasse mondiale et les fameux oligarques [s’exerce déjà dans les institutions de l’U.E.]…

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La gouvernance de l’Union européenne, qui s’impose à travers les directives à tous les Parlements nationaux pour une bonne partie des lois qui nous sont ensuite appliquées, est très peu démocratique, très peu transparente. C’est l’opacité, c’est le royaume des lobbys, des grandes entreprises.

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TVL : On a même entendu le président Sarkozy, lorsqu’il était au pouvoir, affirmer : « On ira ensemble vers ce nouvel ordre mondial, vers ce gouvernement mondial, et personne ne pourra nous en empêcher. »

O.P. : C’est extraordinaire, c’est une phrase qu’a lâché Sarkozy, mais d’autres la lâchent d’une autre manière. C’est-à-dire qu’on nous explique bien que l’on ne peut pas revenir sur ce qui nous est imposé d’en haut. Jean-Claude Juncker avait dit par exemple que les peuples n’ont pas à revenir sur les traités et les directives européennes, c’est comme ça, ça s’applique. Donc cela veut dire que la démocratie qui, normalement, est le principe très simple de souveraineté populaire, le peuple veut, ça s’applique, est constamment dévoyé par tout un entrelacs d’institutions qui imposent un cadre juridique très contraignant, qui empêchent cette souveraineté populaire de s’exercer.

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Le principe très simple de souveraineté populaire, le peuple veut, ça s’applique, est constamment dévoyé par tout un entrelacs d’institutions qui imposent un cadre juridique très contraignant, qui empêchent cette souveraineté populaire de s’exprimer.

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Et j’en veux pour preuve que la simple idée de renvoyer des djihadistes, des fichés s dans leur pays, est complexifiée. Sur tous les plateaux télé, les fameuses télés de l’oligarchie, on nous dit : « On ne peut pas les renvoyer parce qu’il faut l’accord du pays d’origine, il faut l’accord de la Commission des droits de l’homme de l’U.E., il faut l’accord de ci, il faut l’accord de ça… » On a l’impression qu’il y a tout un entrelacs juridique qui empêche que la volonté populaire quasi unanime s’impose, c’est-à-dire renvoyer ces gens-là chez eux. Même ça, c’est-à-dire nos ennemis présents sur notre territoire, on nous explique qu’on ne peut pas les renvoyer, donc on ne peut pas appliquer ce que le peuple veut. Donc, vous voyez bien, cette gouvernance mondiale est en réalité une forme de dictature technocratique soft, parce qu’évidemment on ne met pas encore les gens en prison. Ca commence un peu, mais enfin ça reste marginal. Mais c’est bien une entreprise de destruction de la démocratie.

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Cette gouvernance mondiale est en réalité une forme de dictature technocratique soft, parce qu’évidemment on ne met pas encore les gens en prison. Ca commence un peu, mais enfin ça reste marginal. Mais c’est bien une entreprise de destruction de la démocratie.

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TVL : Vous écrivez qu’aux yeux de ces multinationales, le seul être qui compte c’est le consommateur compulsif solvable. Que va-t-il se passer en 2021 quand ce consommateur se retrouvera complètement esseulé, incapable de consommer ?

O.P. : Voilà une grande question. C’est là qu’on va voir exactement ce qu’est le vrai mirage mondialiste, c’est le mot. Parce que ce mirage repose sur quoi ? Sur l’idée qu’on peut faire ce qu’on veut, on est libre, on s’amuse, notre sexualité, nos voyages, nos déplacements, nos envies, on consomme etc. Mais moi il me semblait – enfin c’est ce qu’on m’a appris – que pour consommer, il faut travailler. Et pour travailler, il faut étudier. C’est tout un ensemble de choses, c’est tout un cadre d’éducation, respecter des règles bien précises, des règles de vie. Tout cela on l’a fait éclater à travers la déconstruction mondialiste. Le seul problème c’est que, à un moment donné, ça va s’arrêter, surtout de notre côté occidental.

Le mondialisme a reconfiguré l’économie mondiale. Et donc – je schématise bien entendu – la fonction de production est attribuée aux pays asiatiques. Et nous avons la fonction de consommation. Mais ça va durer jusqu’à quand ? Tant que nos Etats pourront encore s’endetter. Un beau jour ça va s’arrêter, comme ça s’arrête toujours, puisque on ne peut pas s’endetter indéfiniment. Et à ce moment-là on nous réclamera de rembourser. La Chine de son côté se sera suffisamment enrichie pour avoir son propre marché intérieur et pouvoir diffuser et vendre ses produits dans son propre cadre. Ils n’auront plus besoin de nous comme consommateurs. Et là, nous nous écroulerons. Est-ce que ça arrivera cette année, est-ce que ce sera un petit peu décalé, je ne sais pas, mais l’avenir, c’est bien celui-là. Notre fonction de consommation, c’est les dernières marches de l’escalier qui nous conduisent au fond de l’abîme, en fait.

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Le mondialisme a reconfiguré l’économie mondiale. Et donc la fonction de production est attribuée aux pays asiatiques. Et nous [Occidentaux] avons la fonction de consommation.

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TVL : Ceux qui nous prêtent de l’argent vont se retrouver avec un pied dans la tombe si dans quelques années on n’est plus capables de rembourser tous ces crédits ?

O.P. : Mais nous sommes tout à fait capables de rembourser. Nous avons un patrimoine, nous avons un patrimoine immobilier. On va nous faire rembourser suivant ce que nous générons comme revenu. On va nous saisir, comme ils l’ont fait pour la Grèce. La Grèce a dû vendre des îles, des oeuvres d’art. Son gouvernement n’a plus l’attitude d’appliquer la politique qu’il veut. Au final c’est comme ça que ça va se passer. Nous avons, tous les pays européens, un patrimoine à la fois économique, artistique, architectural considérable, ils vont venir se servir là-dedans. Et nous allons être soumis, notre gouvernement va devoir suivre les règles qui vont nous être imposées de l’extérieur pour que le remboursement soit assuré.

TVL : Vous évoquez l’organisation de ce mondialisme, à travers tout un tas de réseaux, notamment, et vous l’évoquez, le groupe Bilderberg et sa volonté affichée, dites-vous, depuis 50 ans, d’instaurer ce gouvernement mondial. C’est un sujet qui vous vaudrait dans les médias mainstream d’être classé dans la case des « complotistes ».

O.P. : Nos adversaires nous attaquent avec des qualificatifs, c’est déjà mieux, il y a encore deux trois ans c’était « fasciste, nazi » ou « réac ». Aujourd’hui c’est « complotiste », comme les précédents termes ne fonctionnaient pas, puisque les gens se sont bien rendu compte qu’on n’est pas si méchants. On dit « il est un petit peu dérangé, il a un peu des lubies ». Je pourrais vous citer d’autres types de complotistes qui ne se nomment jamais ainsi. Pendant deux ans et demi il y a eu des procédures contre Trump pour un soit-disant complot russe dans son élection. Toutes les juridictions ont établi que c’était faux. Que dire des gens qui comme le journal le Monde, le New York Times etc qui pendant deux ans et demi n’ont parlé que de ça quasiment tous les jours ? Est-ce qu’eux sont complotistes ? plus que moi ou moins que moi ?

Parce que moi les complots, je les dénonce.Ce n’est même pas le terme, d’ailleurs. Je ne parle pas d’un complot. Je parle d’une logique qui veut que les entreprises, s’étant enrichi, vont supplanter et cherchent à supplanter les Etats. Donc je ne parle pas d’un complot, je parle d’une nature humaine, d’une nature des règles économiques et politiques universelles qui fait que les plus forts essaient de s’imposer sur tous les terrains. Donc je ne me sens pas complotiste. Les gens m’attaquent pour complotisme, mais je m’en fiche parce que je sais très bien que tout ce que je dis est démontré et je me base sur des arguments. Et je ne jette pas d’anathème sur les autres en face. Les autres en face ne répondent pas aux arguments par des arguments mais par des anathèmes et des sanctions morales.

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Je ne parle pas d’un complot. Je parle d’une logique qui veut que les entreprises, s’étant enrichi, vont supplanter et cherchent à supplanter les Etats.

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PROPAGANDE MASSIVE
POUR LE MÉTISSAGE

TVL : Vous avez un chapitre intitulé « Immigration de masse et métissage, diluer les peuples en un seul ». Pour évoquer ce sujet avec vous, je voudrais citer le président Sarkozy en décembre 2008 : « Le défi du métissage comme une obligation au risque de se retrouver face à des défis considérables. » Qu’est-ce que ça vous évoque ?

O.P. : Dans la bouche du président Sarkozy, peut-être considère-t-il que la démographie, en particulier africaine, est telle qu’on ne pourra pas échapper à une forme de métissage parce que de toute façon nous les Occidentaux sommes en train de disparaître à l’échelle de la planète en termes ne fut-ce que démographique, nous sommes en train de disparaître démographiquement, et nous sommes en train de disparaître en termes de production et de capacité d’invention et autres. Nous avions la primeur et aujourd’hui notre suprématie s’érode. Le métissage je pourrais en parler puisque ma femme est africaine. Je ne réprouve pas le métissage, les gens font ce qu’ils veulent.

Ce que je réprouve, par contre, c’est là aussi une espèce de propagande permanente autour de ça, que vous retrouvez dans la publicité, que vous retrouvez dans les films, que vous retrouvez à peu près donc tout. Les gens sont libres, les gens se marient avec qui ils veulent et il n’y a pas besoin d’inciter et de mettre ça en avant en permanence. C’est là que, vous voyez bien, il y a un conditionnement politique, on veut nous mener à ça parce que le métissage est le meilleur moyen de faire sauter justement ces frontières et ces barrières entre les peuples. C’est véritablement un des témoins de l’idéologie mondialiste telle qu’elle est diffusée dans les divertissements et à la télé, au cinéma, enfin partout.

PROPAGANDE MONDIALISTE
PAR LE DIVERTISSEMENT

TVL : Et justement à propos de télé vous évoquez tout ce monde du spectacle, le football, la téléréalité, la musique techno comme instruments du mondialisme. Expliquez-nous le rapport.

O.P. : Je pense que la grande particularité du livre c’est toutes ces parties qui sont consacrées au divertissement. Parce que, très souvent, dans nos milieux, on raisonne sur des bases philosophiques, économiques, historiques etc. Mais la population, le gros du peuple, que fait-il ? Il rentre chez lui le soir, il écoute certaines chaînes de télé, certaines chaînes d’infos, il écoute ce qu’on lui sert et puis après il regarde un film ou il télécharge de la musique ou il regarde une série télé. Et le mondialisme c’est un système qui se distille à travers le divertissement, parce que le divertissement, Hollywood et la plupart des grandes unités de production musicale et autres, appartiennent toujours à la même oligarchie.

Et donc elles distillent l’idéologie mondialiste à travers les films, les séries, le rap par exemple, une musique qui est une attaque frontale contre tout ce qui est institutionnel et culturel dans notre pays – comme comme dans la plupart des autres pays. Je parle du football, j’ai connu une époque – j’aimais beaucoup le football – une équipe comme Bastia, petit club, est arrivée en finale de la coupe d’Europe en 1978 avec six joueurs corses, et il a battu Turin, Lisbonne, Newcastle, de très grands clubs. Est-ce que cela peut arriver aujourd’hui ? Non, parce que le monde du foot a suivi l’évolution du monde économique, c’est-à-dire qu’il y a une très forte concentration, aujourd’hui il y a huit ou dix clubs qui peuvent gagner une coupe d’Europe, l’Inter de Milan, le Real Madrid, Manchester, on ne va pas les citer, qui appartiennent tous à des grands groupes multinationaux. Les joueurs ne sont plus attachés à leur ville ou à leur pays. Dans la même saison le même joueur est capable d’aller jouer en Angleterre, puis en Italie, puis en Allemagne, et il s’échange contre des millions.

Vous voyez en quoi ce spectacle du foot et tous les commentaires qui sont faits autour du mercato conditionne la population à entrer dans un schéma et une logique qui correspond précisément à la logique de l’économie mondiale telle que la superclasse mondiale veut la diffuser. Vous voyez bien à 40 ans d’intervalle la différence avec le monde du foot que j’ai pu connaître et qui personnellement me plaisait beaucoup plus, parce que quand je regardais jouer l’équipe de Bastia, c’était vraiment mon équipe.

TVL : Dernier exemple pour mettre en exergue cette idéologie mondialiste, je rappelle le titre de votre ouvrage qui est numéro 1 des ventes de livres politiques en Belgique et en Suisse.

O.P. : Et il l’était en France il y a encore dix jours mais là il est en rupture de stock, il sera à nouveau en librairie dans quelques jours, on a fait une rééddition.

Source : TVLibertés

Illustration : Mira Slava.

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